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La vérité sur les vampires et le vampirisme

Où l'on apprend comment le docteur Dolphin, biochimiste, aurait élucidé les mystères du vampirisme !

Le chercheur canadien attribue à la porphyrie (une maladie congénitale du sang) les déformations physiques, la sensibilité à la lumière et la répulsion pour l'ail et les croix, des buveurs de sang. Le comte Dracula souffrait d'une maladie héréditaire. C'est " son docteur " David Dolphin, qui l'a révélé, il y a quelques jours. Non sans susciter quelque scepticisme. Car on ne traite pas les vampires à l'antimythe sans provoquer le tollé ni trouver sur son chemin quelques confrères à la dent dure qui n'hésitent pas à vous honorer du titre de docteur es-crocs.

David Dolphin, très sérieux biochimiste à l'université de Colombie britannique à Vancouver, ne prétend pas avoir bien connu le noble roumain, mais il estime avoir pris les symptômes du comte à rebours et les avoir clairement décodés. Selon lui, ce sont des formes multiples de la porphyrie (maladie congénitale du sang qui se manifeste générale par une urine rouge et des crises nerveuses) qui sont à l'origine des légendes relatives aux vampires, aux goules et autres striges... Toutes les manifestations de la maladie collent au portrait-robot que trace le chercheur canadien. On saisit soudain pourquoi les vampires ne sortaient que la nuit, buvaient du sang et évitaient de manger de l'ail.

Pour rare qu'elle soit, la porphyrie se traduit essentiellement par une carence des hématies (pigmentation rouge) du sang, et elle entraîne une sensibilité, voire une allergie extrême à la lumière du soleil. De plus, les personnes qui en sont atteintes sont sujettes à de graves déformations physiques. Elles peuvent voir leur système pileux se développer anormalement et, plus impressionnant encore, leur nez et leurs doigts se décharner... " Ce qui fait, souligne le biochimiste canadien, que ces gens finissent par avoir de véritables griffes plutôt que des mains normales. "


L'évolution de la maladie amène également un raidissement des lèvres et des gencives du sujet atteint dont le rictus découvre largement les dents. Et il ne faut guère que le temps d'un sourire crispé pour que, dans l'imagination populaire, des canines tout à fait moyennes deviennent de véritables crocs. Il est évident que les vampires des siècles passés étaient vraiment poursuivis par la déveine. Ils n'avaient pas de lunettes de soleil à leur disposition, et surtout, ils ne pouvaient se faire injecter des hématies. De tels traitements aujourd'hui couramment pratiqués pour lutter contre la porphyrie ne comportent à la limite que le risque de transmettre le Sida. Pour ce qui est de l'ail, cette plante contient un composant chimique qui agit malencontreusement avec plusieurs enzymes du foie. Une personne en bonne santé n'a que des problèmes d'haleine, mais une personne atteinte de porphyrie voit les effets de son mal immédiatement décuplés par l'absorption de quelques gousses. Les visages poilus et défigurés des victimes de la porphyrie expliqueraient aussi la répulsion légendaire des vampires pour les miroirs et... les croix, puisque devant une telle disgrâce, les malades pouvaient se croire "possédés". Mais ce qui frappe le plus l'imagination, c'est que n'ayant pas la possibilité de recevoir de transfusions intraveineuses, les "vampires" n'avaient au Moyen-Âge, d'autre solution, suppose David Dolphin, que de "boire une grande quantité de sang."

De plus, le biochimiste de l'université de Colombie britannique croit volontiers que les mariages consanguins, très fréquents il y a plusieurs siècles, ne pouvaient que favoriser l'implantation de la maladie dans des régions bien déterminées telle que la Transylvanie. Il ne fait pas référence à un quelconque sang bleu royal, mais force est de relever que la famille Stuart, notamment Marie, Henriette, la reine Anne, George III et George IV d'Angleterre, et Frédéric II de Prusse, souffraient de porphyrie.

David Dolphin estime que ce sont les " diagnostics " populaires qui ont durant des siècles détourné l'attention des médecins de la réalité des "vampires". Imaginez, dit-il, comment pouvait être perçu un type qui ne sortait que la nuit, qui avait un look bestial, avec du poil partout et un ratelier démesuré... Aujourd'hui, la propriété photosensible de certains pigments du sang est devenue un atout. Un "voisin" de David Dolphin, le Dr Stephen Lam de l'hôpital général de Vancouver, "vampirise" même depuis quelques mois les bovins pour extraire de leur sang de l'hématoporphyrine, un pigment qui a une heureuse tendance à se fixer sur les cellules cancéreuses. Il injecte ensuite ce pigment à des malades dont il détecte ainsi à l'aide d'un coup de laser en lumière rouge les zones tumorales. Actifs, les pigments qui se sont fixés sur les cellules cancéreuses parviennent même à les détruire en surface... Toutefois, ces relations entre le sang et la lumière, ces histoires de vampires sous-pigmentés laissent plusieurs chercheurs totalement froids.

Certains, comme Nathan Bass de l'université de Californie à San Francisco auquel David Dolphin a récemment exposé ses théories à l'occasion de l'assemblée de l'association américaine pour l'avancement des sciences, sont carrément sarcastiques : "Vouloir expliquer les vampires et autres buveurs de sang par les débordements de la porphyrie, c'est pousser le bouchon trop loin, disent-ils. Et ils ne sont pas loin de suggérer, par dérision, un rapprochement entre les petits bonshommes venus de Mars et... la chlorophylle. Mais le vert n'est-il pas après tout aussi la couleur de la rage et de la jalousie ?"

(D'après un article du journal Libération daté du mois de juin 1985)

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