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Ayer's Rock, ou Uluru

Le Parc National d'Uluru est l'un des sites touristiques les plus visités, quasi centre géographique de l'Australie dans le Sud du Territoire du Nord. Il est le siège du célèbre Ayers Rock , lieu sacré et symbole des légendes aborigènes. L'Ayers Rock est le plus gros rocher à la surface de la terre, avec sa circonférence de 9.5 km et sa hauteur de 348 m. Tel un iceberg, seul un dixième de sa masse émerge. Il est situé à 400 km au sud d'Alice Springs et 2000 km au sud de Darwin. Ayers Rock est un site hors du temps, il a environ 600 millions d'années !

Connu des aborigènes depuis toujours, ce n'est qu'en 1872 qu'un européen l'aperçut pour la première fois. Le site porte le nom du Premier ministre d'Australie Méridionale, Henry Ayers , nom donné sans savoir que le rocher était déjà connu des Aborigènes sous le nom d'Uluru (prononcez "oulourrrou" en roulant le "r").

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Ce monument est inscrit au Patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1987. Les tribus aborigènes Anangus à qui appartient la région d'Ayers Rock en ont reçu la propriété officielle et définitive en octobre 1985. Ils l'ont louée en retour au gouvernement pour 99 ans.

Selon la direction de la lumière, ce monolithe prend différentes couleurs telles que rouge ou marron, il vire au carmin puis au violet au coucher du soleil, revêtant un aspect si poétique et envoutant. Mais Uluru est avant tout un lieu sacré pour les aborigènes. Ils lisent des histoires dans son paysage, et vous les racontent si vous prenez le temps d'écouter.

Géographie

Lorsque l'Australie se désolidarise du continent préhistorique Godwana, le phénomène se produit avec un minimum de secousses sismiques et autres drames telluriques, ce qui fait que le continent est grosso modo inchangé depuis six cent millions d'années.

La terre est fortement hostile : 43% de la surface se compose de désert ou de terres arides, 20 % de terres semi-arides, et 7% de roche nue. Plus des deux tiers du continent ne sont pas favorable à la vie.

Les sous-sol sont riches en mines d'or, de pierres précieuses, de minerai et d'uranium (n°1 mondial pour le fer et la bauxite).

L'histoire géologique du rocher Uluru a commencé il y a des millions d'années. Ses strates de sédiments verticales, jadis horizontales, faisaient partie d'un ancien sol marin, avant d'être soulevées par l'activité de la croûte terrestre. L'érosion, qui a laminé tout ce qui se trouvait alentour, a creusé dans le rocher des ravins, des arêtes et des sillons sans le détruire. En fait, l'érosion prend ici la forme d'une mue progressive, où la surface sablonneuse de la pierre s'écaille peu à peu, de sorte que le géant conserve toujours sa forme originelle.

Le parc où se trouve aujourd'hui Ayers Rock, en tant qu'héritage du monde, attire un grand nombre de visiteurs: plus de 400.000 en 2000. Le tourisme accru fournit les avantages économiques régionaux et nationaux. Mais il présente également un défi continu pour la conservation du site...

L'origine du monde

Les légendes font partie des éléments primordiaux de toute la culture aborigène; elles influencent la vie sociale, l'art et tous les rites tels que danses, chants... Il existe de multiples versions de la création du monde selon les Aborigènes.

La principale de ces légendes est celle du "Temps du Rêve".

Le monde aurait été formé par des Grands Ancêtres (ou Grands Initiés). Ils existaient avant, assoupi dans un sommeil éternel, et s'éveillèrent pour former le monde. Cette époque est connue sous le nom d'Alchéra, Alchéringa ou le Temps du Rêve . C'est durant cette période que les Grands Ancêtres vont modeler le monde au gré de leurs voyages: ils façonnent les montagnes et les rivières, ils laisseront derrière eux les esprits des futurs hommes à naître. Ces voyages sont le coeur des cérémonies religieuses aborigènes. Il faut préciser que ces Ancêtres ne créèrent pas le monde, mais ils se contentèrent de le transformer à partir de quelque chose de préexistant.

L'apparition du soleil est une des étapes essentielles de la création. Dans un mythe, le vent de l'est pousse l'étoile du Matin vers le monde, donnant ainsi naissance au jour. C'est alors que la terre, les roches, les animaux et les hommes apparaissent. Dans une autre légende, c'est la déesse du soleil (Mère Soleil) qui est la source de la lumière et de la vie. De même l'homme serait issu d'un être informe, monstrueux, et au fur et à mesure de sa transformation physique, une transformation spirituelle s'opère.

Lorsque les Ancêtres furent fatigués de leurs voyages, ils retombèrent dans leur sommeil d'origine, disparaissant dans le sol, ou se métamorphosant en rochers, en arbre qui deviendront par la suite des sites sacrés . Seuls les initiés peuvent s'en approcher après avoir accompli les rituels nécessaires.

Non seulement les Ancêtres formèrent le monde, mais aussi ils créèrent la civilisation, dotant l'homme de ce qu'il devait savoir pour survivre, mais aussi s'élever spirituellement. Et ils édictèrent une loi : " Voici votre pays ; vous ne devez jamais le quitter, et toujours veiller à ce qu'il reste inchangé. " Dans l'esprit aborigène, l'homme appartient à la terre, et non l'inverse. Ce qui fait que le concept de quelqu'un quittant son pays pour en envahir un autre est un pur sacrilège.

Lorsque les Ancêtres s'endormirent, ce fut la fin du Temps du Rêve. A ce moment, le monde était tel qu'il est maintenant, laissé à la garde de l'homme. Des éléments de la nature sont chargés de symboles: l' Uluru, ce "caillou magnifique" est l'épicentre de la vie culturelle de ce peuple et, selon celui-ci, en faire le tour est un voyage à l'intérieur du "Temps du Rêve" et des anciennes origines...

Une autre de ces légendes est celle des "soeurs Djanggau": selon les populations de la terre d'Arnehm (au nord de l'Australie), les hommes ont été créés par deux esprits: les soeurs Djanggau, appelées "Filles du Soleil". Elles arrivèrent d'une terre lointaine pour façonner les animaux, le paysage et nommèrent les lieux. Elles donnèrent aussi naissance aux premiers hommes.

L'origine mythique d'Uluru

Au temps du rêve, lorsque seuls les dieux peuplaient la Terre, le grand dieu Serpent passa par une région désertique, au centre du pays. Le " Centre Rouge ". L'air y était si chaud et la terre si sèche qu'aucune forme de vie, parmi toutes celles qu'il avait crées, ne pouvait y survivre.

Le dieu Serpent eut alors une idée parfaitement divine : Il allait planter, au beau milieu de ce désert, une graine géante, d'où germerait bientôt un arbre gigantesque.

Ainsi, pensa-t-il, l'arbre couvrira l'immense plaine de son feuillage et protègera la terre de son ombre. Une fois protégé des rayons ardents du soleil, le sol redeviendra fertile et d'autres arbres, des fleurs, des kangourous, des wallabies et des oppossums pourront venir peupler la région. Et ce sera beau comme dans un rêve.

Et dans sa divine bonté il fit apparaître la fabuleuse graine au beau milieu du désert.

Il appela alors l'eau du ciel. Et l'eau du ciel tomba en grandes trombes , sur la graine. Hélas, les dieux parfois ont des rêves qui dépassent d'un rien les limites de leur pouvoir créateur. La graine était trop grosse, et jamais ô grand jamais, au beau milieu du désert, assez d'eau ne tomba pour faire germer la divine graine. La plaine resta désespérément désertique et la graine stérile devint dure comme une pierre, formant ainsi ce que nous appelons "Uluru".

Et aujourd'hui encore, quand il pleut sur Uluru, la vie semble suspendue aux alentours, comme en attente d'une improblable éclosion miraculeuse...

Une autre légende aborigène raconte comment Uluru fut créé par deux jeunes garçons qui jouaient dans la boue sous la pluie lors du Temps du Rêve, cet âge mythique de la Création. Les " Pistes du Rêve " (les itinéraires suivis par les ancêtres et qui relient les sites sacrés) convergent par douzaines vers Uluru où le mythe les réunit. Une grande bataille eut lieu ici, qui marque la fin du Temps du Rêve, lorsque le peuple des Kunya ou clan du Rocher-Python furent attaqués par des guerriers Liru ou clan du Serpent-Empoisonné. Les Liru combattirent les Kunya et tuèrent leur chef Ungata. Ce qui amena les Kunya à se suicider en masse: ils se donnèrent la mort en la chantant.

On peut voir sur le rocher des blocs de roche dont la forme rappelle les traits d'une femme Kunya, la tête blessée d'un assaillant Liru et les corps de deux autres guerriers à Uluru. Ce sont des javelots Liru qui ont créé les grottes du flanc sud, tandis que les corps des guerriers ont été transformés en chênes du désert.

"Lorsque les Aborigènes me racontèrent ces légendes... la beauté des alentours m'apparut être autre chose qu'un ensemble de taches de couleurs, de grottes et de précipices : tout me sembla désormais vivant. " (Charles Mountford, anthropologue)

Histoire officielle des aborigènes

Les vestiges découverts par les archéologues permettent d'affirmer que la civilisation aborigènes existe depuis 40000 ans, néanmoins, son histoire connue est beaucoup plus brève, puisqu'elle débute avec les premiers explorateurs de ce continent, les Hollandais.

En 1628, les premiers navires hollandais approchent des côtes australiennes. Une flotte sera envoyée, mais elle fera naufrage, alors aucune colonie ne s'établira et l'idée sera abandonnée.

En 1770, James Cook débarque à l'est de l'Australie, à Botany Bay. A ce moment, la population aborigène est estimée à 350'000 individus répartis en 680 tribus, parlant 500 dialectes, dérivés de 200 langues, se déclinant comme le latin.

En 1178, le capitaine Phillip débarque avec 750 forçats, dont 200 femmes. Quelques jours plus tard, La Pérouse débarque avec l'Astrolabe et la Boussole. Toutefois, la France refuse de légitimer l'annexion de la moitié ouest de l'Australie par St Allouan (le 29 mars 1779).

Cette colonisation sera une catastrophe à plus d'un titre pour l'Australie : les aborigènes sont perçus comme des sous-hommes et chassés, purement et simplement. De plus, les animaux européens qui sont importés vont se multiplier très rapidement, au détriment de la faune locale. De 350'000, la population indigène va chuter à quelques dizaines de milliers, à cause des massacres certes, mais aussi parce que les femmes refusent de donner la vie dans un tel monde !

Actuellement, le nombre d'aborigène se situent dans les trois cent mille, dont 70% de sang-mêlés.

Les aborigènes sont tenus de se souvenir de chaque détail des " Pistes de Rêve ", de répéter ou de chanter les centaines de contes qui leur sont rattachés afin de transmettre la philosophie et les connaissances de leurs ancêtres. Chaque clan ayant ses histoires et ses chants, il en existe des milliers en Australie. Comme les chamans, qu'on appelle karadjis, ont accès au monde des esprits du rêve, ces contes ne peuvent jamais être oubliés. Les aborigènes sont capables de promener un visiteur dans le paysage, d'en décrire les traits caractéristiques et de chanter les légendes qui y sont associées. On appelle " Pistes de chant " ces itinéraires, inséparables du mythe des esprits amenant le monde à l'existence en le chantant. Les aborigènes accomplissent ainsi un rituel religieux producteur de l'énergie qui renouvelle l'existence du paysage. Ces " Pistes de Chant " représentent un héritage culturel commun à de nombreux peuples aborigènes qui contribue à les unir.

On a pu comparer les " Pistes de Rêve " et les "Pistes de Chant " convergeant sur tel ou tel site à des fils électriques alimentés par un important nœud d'énergie qui donnerait vie au paysage environnant.

Pour les Aborigènes, Uluru tient donc une place de choix dans le long de l'itinéraire du Rêve qui traverse le pays. Mais le rocher est aussi devenu pour les autres Australiens un " incontournable symbole national (Thomas Keneally, écrivain australien).

Les rites de tout un peuple

L'initiation

Chaque être serait habités de deux âmes : la mortelle (jallala), accédant à l'être au moment de la conception, et l'immortelle (jajaru), particule de vie de l'ancêtre, reçue par la femme enceinte. C'est cette dernière qui va façonner les traits physiques de l'individu et le doter de sa personnalité, faisant de lui peu à peu un homme parfait (sdans le sens complet, un initié). Le père va trouver cette âme immortelle durant un rêve, alors qu'elle existe dans un lieu bien défini, attendant de se réincarner : la procréation n'est pas due exclusivement à l'acte sexuel.

Avant sa naissance, l'homme est purement spirituel. A sa naissance, il est uniquement profane, et a oublié ce qu'il était. Tout au long de sa vie, à travers diverses initiations, il va réapprendre ce qu'il était, se ritualiser jusqu'à sa mort où il redevient spirituel. Le but des initiations est de faire passer le profane dans le monde sacré.

La première initiation a lieu entre 6 et 14 ans, et elle dure de quelques mois à trois ans. Séparé de sa mère, l'enfant fait se premier pas dans le monde spirituel, par une mort symbolique du profane (scarification, circoncision,...).

La deuxième initiation a lieu à 25 ans où il reçoit sa tjurunga (bull-roarer).

Et ce n'est qu'à 35-40 ans qu'il connaîtra tous les rites et tous les chants.

En fait, l'initiation est l'apprentissage de ce qu'il a été. Homme et femme bénéficient d'initiation différentes, et secrètes pour le sexe opposé. Et chacun bénéficie de sites sacrés réservés à son sexe.

D'autres rituels

De nombreux rituels sont la répétition d'action exemplaires faites par les Ancêtres lors du modelage du monde. Par la répétition de ces actes, les initiés régénèrent le monde.

Une autre conception de l'homme le dote de trois âmes aux destinées différentes à la mort de l'individu. L'une retourne à son centre totémique en l'attente d'une renaissance (la particule immortelle), la seconde, mogwo, est un esprit joueur lié à un certain lieu, et finalement, la troisième se rend au pays des morts pour fusionner avec les êtres créateurs.

L'homme-médecine ou Ban-man

Il subit une initiation particulière qui fera de lui l'unique interlocuteur des Ancêtres. C'est d'ailleurs par leur entremise qu'il bénéficie de pouvoirs magiques. Cette initiation se caractérise entre autre par deux étapes : à un moment donné, il doit absorber certains cristaux dans son corps (ils sont avalés ou insérés dans sa peau) ; puis il doit pénétrer dans une tombe où un mort l'accueillera pour lui confier le secret du langage des Ancêtres.

Par Robine, Anubisu, Hekate

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