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dimanche 3 mars 2024

Barbe Bleue : Gilles de Rais, serial killer avant l’heure

Ce célèbre maréchal de France associé au personnage de Barbe-Bleue est connu pour ses faits d’armes aux côtés de Jeanne d’Arc dans la Guerre de Cents Ans… mais pas que ! Gilles de Rais s’est aussi distingué dans le plus haut niveau de la perversion en violant, torturant et assassinant de jeunes enfants pour son bon plaisir.

Un début de carrière prometteur malgré une éducation déplorable

Gilles de Rais naît vers 1404 dans une grande famille de Bretagne. "C’est dans les paisibles travaux d’une éducation soignée que s’élevait le jeune seigneur de Rais, au sein de sa famille ou à la cour des ducs de Bretagne ; et sous les yeux de son père, ses commencements étaient bons et faisaient concevoir de lui de belles espérances", écrit l’abbé Eugène Brossard (1853-1905) dans sa biographie de Gilles de Rais.

La vie de l’adolescent prend une autre tournure. En 1415, Gilles et son frère René se retrouvent orphelins quand leurs parents meurent subitement. Les deux enfants sont élevés par leur grand-père maternel, Jean de Craon. Ce dernier leur donne une éducation que Brossard qualifie de "déplorable". Un autre biographe de Gilles de Rais, Georges Bataille écrit que Jean de Craon est un "homme violent et sans scrupules" qui laisse Gilles "libre de faire à sa guise, en lui mettant son exemple sous les yeux : il lui enseigne […] à se sentir au-dessus des lois" (Le procès de Gilles de Rais, 1997).

À 15 ans, l’adolescent se jette à corps perdu dans toutes les batailles et guerres qui éclatent en ces temps troubles. Il fait preuve de courage et de bravoure et n’hésite pas à se lancer le premier lors des assauts. En 1429, il est fait maréchal de France pour avoir combattu bravement aux côtés de Jeanne d’Arc pour lever le siège d’Orléans. Il figure à la gauche du roi Charles VII lors de son sacre à Reims. Cette même année, son épouse Catherine de Thouars lui donne une fille, Marie. Gilles de Rais est au sommet de sa gloire. Aussi bien dans sa carrière militaire que dans sa vie de famille, tout lui réussit.

Mais, le rêve ne dure pas. Jean de Craon meurt le 15 novembre 1432. Gilles, alors âgé de 28 ans, est propriétaire de nombreux châteaux dans l’ouest de la France. Il commence à dilapider son immense fortune, car sa soif de reconnaissance est insatiable. Il se retire sur ses terres de Machecoul et Tiffauges, près de Nantes. Le maréchal étale sa magnificence en organisant des pièces de théâtre aux décors et costumes somptueux, et hors de prix. Il éclabousse tout le monde de son succès et de ses fastes et suscite l’admiration.

Au même moment, il se lance en cachette dans l’étude des sciences occultes, de la magie et de l’alchimie. Se révélant crédule, il s’entoure de charlatans qui n’hésitent pas à l’embobiner dans le but de lui extorquer de l’argent. Gilles de Rais dit sentir la présence du Diable. Inversement, le Diable doit aussi sentir la présence de Gilles, car c’est à partir de cette année 1432 que le maréchal débute ses crimes en série.

Le brillant guerrier devient un monstre sanguinaire.

Gilles de Rais assouvit ses pulsions sado-pédérastiques grâce à un processus maîtrisé. Il envoie ses hommes de main enlever des garçons de la région. Il les aime jeunes et, s’ils sont prépubères, c’est encore mieux. Parfois, ses victimes sont seulement âgées de six ans. Son mode opératoire, même si l’expression est anachronique (elle est apparue avec la naissance du profilage dans les années 1970), est d’un sadisme frappant. Il viole avant de torturer puis égorger ou dépecer de ses mains les enfants. Et il insiste pour que ses acolytes assistent à ces séances.

"Gilles se vanta (…) d’avoir « plus de plaisir au meurtre des enfants, à voir séparer leurs têtes et leurs membres, à les voir languir et à voir leur sang, qu’à les connaître charnellement (…) ». Quand à la fin les enfants reposaient morts, il les embrassait, « et ceux qui avaient les plus belles têtes et les plus beaux membres, il les donnait à contempler, et il faisait cruellement ouvrir leurs corps et se délectait de la vue de leurs organes intérieurs »", écrit George Bataille, retranscrivant les mots qu’on a entendus au procès.

Le procès de celui qui a inspiré le personnage de Barbe-Bleue.

Car oui, heureusement, il y a eu un procès. Le meurtrier n’allait pas s’en sortir en toute impunité. Surtout que les nombreuses disparitions d’enfants ne passent pas inaperçues. Si l’on sait qu’il a fait plus d’une centaine de victimes en une dizaine d’années, l’estimation haute du chiffre atteint les 800. Gilles de Rais est arrêté le 15 septembre 1440 dans son château de Machecoul par les hommes du duc de Bretagne Jean V avant d’être déféré devant la haute cour de Bretagne, à Nantes.

Le pédophile nie les faits qui lui sont reprochés. Mais, sous le poids des accusations et des preuves matérielles, il plie. Les enquêteurs retrouvent ainsi quantité d'ossements calcinés dans les citernes et les douves de ses châteaux et manoirs, à Champtocé, Rais, Tiffauges, Machecoul, etc. Et quand il avoue, il déballe tout. Ses crimes, "il les fit et les perpétra suivant son imagination et sa pensée, sans le conseil de personne, et selon son propre sens, seulement pour son plaisir et sa délectation charnelle", raconte-t-il au procès, fier de lui.

Son imagination débordante, il la tient de ses lectures. Mais pas n’importe lesquelles ! De ses livres d’Histoire et, surtout, ceux sur l’Empire romain… "Cette idée diabolique me vint il y a huit ans, année où mourut le sire de Suze, mon parent. Me trouvant alors par hasard dans la bibliothèque de son château, je trouvai un livre latin sur la vie et les mœurs des empereurs romains, écrit par le savant historien Suétone. Ce dit livre était orné de gravures fort bien peintes, montrant les coutumes de ces princes païens. Je lus dans ce beau livre d'histoire que Tibère, Caligula et autres Césars, jouaient avec des enfants et prenaient un plaisir singulier à les martyriser. Là-dessus, je décidai d'imiter les dits Césars, et le même soir, je commençai à le faire en suivant les images reproduites dans le livre...", retranscrit l’historien Maurice Lever dans son livre "Les bûchers de Sodome" (Fayard, 1986).

Gilles de Rais est finalement condamné au bûcher. Il périt donc dans d’atroces souffrances, brûlé par les flammes le 26 octobre 1440 ? Hé bien non ! S’il est un violeur et un tueur d’enfants, son statut et ses faits d’armes lui ont permis d’être étranglé discrètement juste avant de monter sur le bûcher. Une faveur à laquelle Jeanne d’Arc n’a pas eu droit, elle.

À l’origine de la légende de Barbe-Bleue.

On associe généralement Gilles de Rais au personnage de Barbe Bleue. Ce féroce seigneur qui tue ses épouses apparaît dans "les Contes de ma mère l’Oye" de Charles Perrault (1697). Quel rapport avec le maréchal qui a combattu avec Jeanne d’Arc ? Ils sont tous les deux assoiffés de sang, mais Gilles de Rais, lui, préfère les jeunes garçons. Les auteurs du XIXème siècle, comme Prosper Mérimée et Stendhal, ont contribué à façonner la légende. Aujourd’hui encore, Gilles de Rais est appelé Barbe Bleue sur ses terres bretonnes.



Illustration :

Gilles de Laval, sire de Rais.

Ce portrait imaginaire est commandé en décembre 1834 au peintre Éloi Firmin Féron par la monarchie de Juillet afin d'être exposé dans la galerie des maréchaux de France du musée de l'Histoire de France. Le gouvernement du roi Louis-Philippe Ier compte ainsi légitimer le régime « en récupérant et instrumentalisant les représentations historiques de l'ancienne France » au sein du château de Versailles.

À l'instar des autres portraits en pied de la galerie des maréchaux, l'huile sur toile campe le baron de Rais « sur un champ de bataille avec [ses] attributs de commandement. »


vendredi 12 septembre 2014

Doreen Valiente

Doreen Valiente, aux côtés de Gerald Gardner, fut le pilier de la Wicca. Première Grande Prêtresse de Gardner, elle ne publia pas moins de cinq livres de référence sur la « Witchcraft ». Si Gardner fut le père de la Wicca, il ne fait aucun doute que Doreen Valiente en fut la mère. 

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mardi 25 novembre 2003

Eliphas Lévi

Fils d’un cordonnier parisien, Alphonse-Louis Constant entra au séminaire de Saint-Sulpice à Paris, qu’il quitta en 1836 après avoir été ordonné diacre...

Les idées utopistes et humanitaires du temps l’absorbent alors tout entier : il se lie d’amitié en 1838 avec la socialiste Flora Tristan ; collabore avec Alphonse Esquiros à une revue qui révèle au public ses dons de dessinateur. Songeant encore parfois à accéder à la prêtrise, il y renonce définitivement à la suite d’un séjour, en 1839-1840, à l’abbaye de Solesmes où il a lu les gnostiques et Mme Guyon. Surveillant au collège de Juilly, où ses supérieurs le maltraitent, il compose, au grand scandale du clergé et des bien-pensants, La Bible de la liberté (1841), qui lui vaut d’être condamné la même année comme révolutionnaire et disciple de Lamennais (la prison dans laquelle il purge sa peine huit mois durant abrite aussi celui-ci); il y lit Swedenborg. En 1843, il illustre des livres d’Alexandre Dumas et raconte, dans La Mère de Dieu, les misères de sa jeunesse. Mais c’est dans Le Livre des larmes (1845) qu’il développe pour la première fois des notions ésotérisantes. On le condamne encore à six mois de prison pour La Voix de la famine (1847), dont il ne fut pourtant pas le véritable auteur ; puis, la révolution de 1848 lui donnant plus de liberté, il commence à diriger une revue et un club.

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mardi 22 avril 2003

Papus

Défenseur de l’occultisme et cofondateur de l’Ordre martiniste, né en Espagne, d’un père français et d’une mère espagnole, Gérard Encausse passa toute sa jeunesse à Paris, où il fut reçu docteur en médecine. Avant même de terminer ses études, il s’était donné pour tâche de lutter contre le scientisme de l’époque en répandant une doctrine nourrie aux sources de l’ésotérisme occidental...

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Encausse, qui se fit appeler Papus d’après un nom d’esprit trouvé dans le Nyctameron d’Apollonius de Tyane, fut un chef de file incontesté. Il se défendait d’être un thaumaturge, un inspiré et se présentait comme un savant, un expérimentateur. Il doit ses idées à Saint-Yves d’Alveydre, mais aussi à Wronski et surtout à Éliphas Lévi et à Fabre d’Olivet. Par ailleurs, la pensée de Louis-Claude de Saint-Martin a laissé sur lui une trace profonde à partir de 1889 environ, peu après sa rupture (en 1888) avec la Société théosophique de Mme Blavatsky. C’est en 1889 aussi qu’il s’affilie à l’ordre kabbalistique de la Rose-Croix fondé par Peladan cette année-là.

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samedi 19 avril 2003

Mademoiselle Lenormand

LE NORMAND ou LENORMAND MARIE-ANNE (1772-1843)

Marie-Anne Le Normand, plus connue sous le nom de « Mademoiselle Lenormand », est sans doute la voyante la plus célèbre des temps modernes...

Cette popularité, elle la doit à un jeu de cartomancie, pourtant apocryphe, plus qu’à ses écrits – quelque quatorze ouvrages aujourd’hui largement oubliés – dans lesquels elle raconte ses songes et ses visions, et se vante de rencontres prestigieuses, pour la plupart douteuses. Son sens de la publicité, jusque dans la mort, et la prolixité de ses biographes, prompts à broder de nouveaux exploits, ont fait d’elle un personnage assez éloigné de la réalité.

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vendredi 2 août 2002

Albert le Grand

Dominicain, maître de l’université de Paris (d’où son nom de «Maître Albert»), évêque, savant, philosophe et théologien célèbre du XIIIe siècle, Albert a, de son vivant, joui du titre de «Grand» et, par la suite, de celui de «Docteur universel».

La légende lui a beaucoup prêté. Encombrée d’apocryphes, son œuvre multiforme (elle a acclimaté dans l’Occident latin les savoirs et les philosophies des Arabes et des Grecs) est aujourd’hui mieux connue et fait l’objet d’une édition critique, encore en chantier, à Cologne. Elle a subi une éclipse partielle du fait de l’œuvre, encore plus fameuse, du disciple d’Albert, Thomas d’Aquin. Étudiée pour elle-même, elle manifeste un esprit d’une vigueur et d’une ampleur exceptionnelles.

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lundi 6 mai 2002

Allan Kardec

Hippolyte Léon Rivail, instituteur lyonnais, fut d’abord connu pour ses nombreux ouvrages scolaires.

Il vint à Paris, où il dirigea quelque temps le théâtre des Folies-Marigny, et fonda, en 1830 environ, un institut dans lequel il essayait de réformer l’enseignement selon les méthodes de Pestalozzi. Il s'intéressait déjà depuis longtemps au magnétisme animal. Mais un ami, Carlotti, allait changer sa destinée en le persuadant de l'intérêt des tables tournantes. L’année suivante, il assiste à une réunion au cours de laquelle on se livre à cette pratique venue des États-Unis. Un médium lui ayant révélé au cours d’une séance qu’il avait été dans une vie antérieure un druide nommé Allan Kardec, il adopte ce pseudonyme, ainsi que l’idée de réincarnation qui sera l’un des fondements de sa doctrine.

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