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Le secret et les activités Wiccas, par Scott Cunningham

Dans un passé encore proche, quand notre religion comptait beaucoup moins de membres et que l’intérêt pour les cultes païens étaient inexistants aux États-Unis, les wiccas se montraient en général très discrets sur leur religion. La menace du foyer désuni, de la perte d’emploi, de domicile et même de la garde des enfants, n’avaient rien d’illusoire. Les wiccas avaient appris à entourer leurs activités religieuses du plus grand secret et seuls leurs parents ou amis très proches savaient ce qu’ils faisaient les nuits de pleine lune (et pourquoi ils demandaient toujours une journée de congé après les sabbats).

En général, ces wiccas étaient membres d’un coven et ils avaient juré le secret au moment de leur initiation. Il leur était interdit de révéler plusieurs informations, parmi lesquelles leurs noms magiques, l’identité des autres membres du coven, la nature des activités accomplies dans le cercle ainsi que les rituels magiques ou religieux particuliers à leur groupe. Même si certains wiccas étaient disposés à parler de leur religion, ils devaient alors braver l’opinion publique et la loi du secret. La plupart des wiccas menaient une double vie : la première liée au travail, aux associations de parents d’élèves, aux disputes entre voisins, à la planification financière et aux autres activités courantes telles que le lavage de l’auto ; l’autre imprégnée de religion et de magie.



Aujourd’hui, la situation s’est quelque peu modifiée. Chaque numéro du magazine Circle Network News dresse la liste d’un nombre important d’articles constructifs sur la Wicca parus dans des magazines et des journaux d’intérêt général. Des articles sur les wiccas et les fidèles de la Déesse ont été publiés en première page du Wall Street Journal. Les Talk Shows télévisés raffolent des causeries sur la « sorcellerie » où des wiccas sont invités à venir parler de leur religion.

Cette médiatisation a contribué très largement à faire connaître notre religion aux non-wiccas. Leur conception de la Wicca est peut-être inexacte, mais ils ont découvert son existence. Il arrive que des wiccas reconnus soient invités à parler de leur religion à des assemblées de fidèles d’autres confessions religieuses. À l’instar des membres du clergé d’autres religions, plusieurs œuvrent auprès des prisonniers. Certaines associations wiccas sont reconnues par le fisc comme des organisations religieuses bénéficiant d’une exonération d’impôts (cette reconnaissance n’a toutefois pas été accordée à la Wicca dans son ensemble). L’armée américaine a donné des directives à ses aumôniers pour que la Wicca soit reconnue comme un choix religieux légitime. De temps à autre, les pages religieuses des journaux proposent des articles sur la Wicca.

Malgré tout, il règne actuellement un climat de confusion, de doute et de peur. Les personnes qui ont grandi dans une religion se sentent menacées lorsqu’une autre fait sentir sa présence, en particulier lorsqu’il s’agit d’une religion aussi méconnue que la Wicca. Quelquefois, cela peut conduire à la violence et au meurtre.

Les réactions de cet ordre sont la conséquence directe de la désinformation dont est abreuvé un public peu méfiant. Ces mensonges proviennent en grande partie des télévangélistes (qui ont eu leur heure de gloire et sont maintenant en voie de disparition), mais plusieurs prédicateurs à la mentalité étriquée continuent de nous qualifier d’êtres sataniques, de tueurs d’enfant démoniaques ayant pour seul objectif de gouverner le monde. Même le mouvement récent popularisé dans les médias comme le « Nouvel Âge » a souvent été présenté comme une menace satanique pour le christianisme.

Nous savons que c’est absurde, mais il n’en va pas de même pour plusieurs non-wiccas. Face à de tels emportements, on peut se demander s’il convient de dévoiler votre religion à vos parents, à votre conjoint, à vos enfants, amis, employeurs, propriétaires et voisins ? Et si ce n’était qu’à certains d’entre eux ? À qui le diriez-vous ? Une pareille révélation pourrait-elle créer de la colère, de la peur et de l’incompréhension, au point que vous en viendrez à souhaiter n’avoir rien dit ?

C’est possible. Le contraire peut aussi se produire. Avouer à votre partenaire que vous pratiquez une religion différente peut en fait contribuer à raffermir les liens qui vous unissent (« Eh bien, au moins tu crois en quelque chose ») ou à régler certains points non résolus (« C’est donc ce que tu fais une fois par mois à minuit »)

L’inverse peut aussi se produire. Votre partenaire prendra peut-être ses distances, votre employeur vous mettra à la porte, vos voisins vous éviteront, vos parents seront bouleversés (s’ils adhèrent à une religion plus conventionnelle) et votre propriétaire vous donnera un préavis d’un mois ou ne reconduira pas votre bail.

Un employeur compréhensif vous accordera peut-être quelques jours libres pour votre pratique religieuse. Vos voisins sauront qu’ils ne doivent pas vous rendre visite à l’improviste les soirs de pleine lune. Et votre propriétaire ? Eh bien, il est peut-être préférable de ne pas en parler à tout le monde. Cette décision doit être pesée, car votre lieu de résidence pourrait changer rapidement par suite de cette révélation.


La décision d’informer autrui ou non, de même que le choix du moment propice et des personnes que vous aviserez, doit être fondée sur les éléments suivants : votre connaissance de la Wicca, votre engagement au sein de la religion (après un certain temps, il peut être assez difficile de garder le secret), vos rapports avec les gens que vous pourriez mettre au courant, le climat religieux de votre région et votre aptitude à discuter d’un sujet aussi personnel que la religion.

En général, rien ne vous force à faire cette révélation, même à votre conjoint. Si ce dernier vous interroge, vous souhaiterez peut-être en discuter, mais personne n’a le droit de savoir ce que vous faites le 31 octobre au soir. La liberté religieuse consiste précisément en cela – le droit de pratiquer la religion de son choix, de ne pas subir la contrainte d’autres religions et de choisir d’en parler ou non.

J’ai habité pendant treize ans un appartement au deuxième étage dans un quartier mal fréquenté. Le propriétaire de l’immeuble était un évangéliste qui dirigeait une armurerie et un atelier de réparation d’aspirateurs dans l’immeuble voisin. Je voyais cet homme tous les jours ; je connaissais la plupart des membres de sa famille et il est venu dans mon appartement à plusieurs reprises. Pendant que je vivais à cet endroit, j’ai fait paraître dix ouvrages sur la magie et la Wicca, j’ai accordé de multiples entrevues à la radio, à la télévision et à la presse, j’ai donné des centaines de cours dans la région, célébré maints rituels et tenu des dizaines de réunions de covens dans mon appartement. J’ai contemplé le ciel étoilé, récité des incantations près des plantes et des herbes que je cultivais sur la véranda, médité sur les orages et agi en tous points comme un vrai wicca.

Et pourtant, au cours de toutes ces années, le propriétaire ne m’a jamais parlé de ma religion. Certes, il avait l’habitude de rédiger le reçu du loyer au dos d’un tract religieux, mais cette question n’a jamais été abordée. Il a tenu sa langue et j’ai fait de même ; nos relations d’affaires se sont avérées satisfaisantes
.

Si j’étais entré dans son magasin un beau jour pour lui annoncer que j’étais un sorcier, il m’aurait sans doute envoyé faire mes bagages. La décision que j’avais prise de garder le silence sur ma religion m’a permis de demeurer dans un appartement spacieux à loyer modéré pendant plusieurs années, alors que je faisais mes débuts comme auteur.

La décision de révéler à autrui votre appartenance à la Wicca doit demeurer une question personnelle. Toutefois, je vous préviens que bien des gens se moquent de savoir ce en quoi vous croyez ou qui vous invoquez. Cela ne les intéresse tout simplement pas.

Certains wiccas décident de dire au monde entier qu’ils sont des wiccas (ou des sorcières et des sorciers) simplement parce qu’ils veulent créer un effet de choc, attirer l’attention, faire de l’argent ou flatter leur ego. Il n’y a pas de raison plus mal fondée pour dévoiler à autrui la religion que vous pratiquez.